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Toronto, Ontario, 16 janvier 2018 Un dialogue pour bâtir ensemble le Canada de demain

Check against delivery.

Mesdames et messieurs, bonjour.

Permettez-moi avant toute chose de remercier la présidente du Club canadien de Toronto, Mme Monique Telmosse pour son invitation et pour l’organisation de l’événement.

J’aimerais aussi saluer :

  • Monsieur François Boileau, commissaire aux services en français de l’Ontario,
  • M. Marc Trouyet, Consul général de France à Toronto
  • Monsieur Alain Beaudoin, président de l’Association des francophones de la région de York,
  • Monsieur Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario,
  • Monsieur Glenn O’Farrell, président-directeur général du Groupe TFO,
  • Mesdames et Messieurs dirigeants et représentants des organismes de la francophonie ontarienne,
  • Mesdames et Messieurs, j’aimerais vous remercier tous et toutes pour votre présence en si grand nombre ce midi et de votre intérêt.

C’est pour moi un véritable plaisir d’être avec vous aujourd’hui au Club canadien, espace privilégié pour les francophones et francophiles de Toronto pour échanger et établir des contacts. Le dialogue est ainsi au cœur de votre mandat.

Le dialogue est aussi au cœur de la Politique d’affirmation du Québec et de relations canadiennes dont nous allons parler aujourd’hui.

Dévoilée en juin dernier, à l’occasion du 150e anniversaire de la fédération, notre Politique est une réflexion sur le Canada d’aujourd’hui et de demain.

Elle s’appuie sur un grand principe, une meilleure connaissance mutuelle et un passage obligé : le dialogue. J’y reviendrai dans quelques instants.

J’aimerais avant tout vous dire que je suis ici aujourd’hui, certes pour présenter brièvement la Politique, mais aussi et surtout pour dialoguer.

Après ma présentation, vous aurez l’occasion de faire connaître vos suggestions, vos commentaires et vos critiques, et de poser vos questions.

La Politique

Notre politique vise à mieux faire connaître le Québec auprès des autres Canadiens, et à mieux le faire comprendre.

Elle vise aussi à encourager un dialogue pour mieux connaître et comprendre les autres régions de notre pays; les provinces de l’Atlantique, l’Ontario, l’Ouest et le Nord canadien.

Notre Politique propose une meilleure connaissance mutuelle.

Elle vise, surtout, à engager un dialogue significatif sur le Canada de demain, sur son avenir économique et social, sur la place des différentes composantes nationales du pays, sur le rôle et la composition des institutions communes et sur les principes du fédéralisme canadien.

Présentement, il n’y a pas d’appétit pour la réouverture des négociations constitutionnelles. Et, nous ne demandons pas cela pour l’instant.

Avant de penser à faire évoluer le texte constitutionnel, il nous faut d’abord commencer par se parler, partager, se rapprocher, créer des liens solides, et réciproquement mieux nous connaître.

C’est pourquoi notre démarche mise sur le dialogue et la connaissance mutuelle.

Et pour ça, il y a un appétit.

Dans la foulée du lancement de la Politique, j’ai eu l’opportunité d’amorcer ce dialogue en Ontario, en Saskatchewan, en Alberta et à Terre-Neuve-et-Labrador, et ce, devant différentes tribunes politiques, universitaires et publiques.

Aujourd’hui je suis avec vous. Jeudi je serai au Nouveau-Brunswick, et le mois prochain au Manitoba.

Hier j’étais à Ottawa pour échanger avec des étudiants et des professeurs. J’ai également rencontré des organismes pancanadiens de la francophonie canadienne pour échanger sur la pérennité de la langue française au Canada.

J’ai été ravi de constater qu’à tous ces endroits, il y avait un intérêt grandissant pour le dialogue proposé par le Québec.

Notre politique est en lecture obligatoire dans un cours de politique canadienne à l’Université Queen’s, dans un cours de droit constitutionnel à l’Université McGill et dans différents cours de politique à l’Université d’Ottawa.

Le professeur John White, que j’ai rencontré en novembre dernier à l’occasion d’un séminaire portant sur la Politique d’affirmation organisé à l’Université de Regina, a écrit récemment une lettre ouverte autour de la démarche du Québec.

Je le cite particulièrement, car ce qu’il écrit est l’écho de ce que nous entendons partout dans les cercles universitaires.

Il a écrit :

« […] adopting ideas that preserve Quebec’s distinctiveness will not likely weaken Canada or impair the structures on which Canada’s national success depends. [adopter des idées qui préservent le caractère distinct du Québec n’affaiblira probablement pas le Canada]

Canada needs to have the courage to explore the structures and rules of relationship that will build confidence in all the parts and regions of this complex nation that their situation is recognized. [Le Canada doit avoir le courage d’explorer les structures et les règles régissant nos relations qui permettront de bâtir la confiance de toutes les régions de cette nation complexe que leurs particularités seront reconnues.] »

La nation québécoise et le fédéralisme plurinational

Pour le Québec, le Canada n’est pas un État mononational ou un État postnational.

Le Canada est un État plurinational.
Il l’a toujours été.

Aujourd’hui encore, le Québec maintient cette vision de notre fédération.

À plus d’une reprise, la Cour suprême a rendu des décisions qui reconnaissaient le caractère spécifique du Québec, notamment ses valeurs sociales et sa tradition juridique civiliste.

En 2006, la Chambre des communes a officiellement reconnu la Nation québécoise.

Mais cette nation, le Canada tarde toujours à l’accueillir, à la comprendre et à l’accepter formellement.

Qu’est-ce que la Nation québécoise?

La Nation québécoise est inclusive et plurielle.

Elle est composée d’une majorité francophone, d’une communauté d’expression anglaise, qui dispose de droits et prérogatives qui lui sont propres et de onze nations autochtones réparties à travers le Québec. La Nation québécoise est aussi forte d’une grande diversité culturelle.

Nous voulons un Québec inclusif et nous cherchons à renforcer le sentiment d’appartenance au Québec de chaque membre et de chaque groupe de notre société.

Nous savons que pour accomplir cet objectif, nous avons encore beaucoup de travail à faire. Mais nous savons aussi que le rapprochement des différentes appartenances collectives est le seul moyen d’y arriver.

Cette volonté d’inclusion est aussi ce que les Québécois attendent du Canada.

Les Québécois ressentent une allégeance à la Nation québécoise, réelle et forte.

Pour une majorité de Québécois – 75 % –cette allégeance se conjugue aussi avec une appartenance canadienne.

Nous n’avons pas à choisir entre être Québécois ou être Canadiens. Nous sommes les deux. Nous voulons être les deux.

Cette vision s’inscrit dans l’histoire, mais aussi dans un courant de pensée politique qui voit dans le fédéralisme un mode optimal pour gérer la coexistence de différentes communautés au sein d’un seul État.

Dans notre quête d’une reconnaissance officielle, nous ne sommes pas les seuls. La place des peuples autochtones dans notre fédération serait bien différente si le Canada devait être fondé aujourd’hui.

Nous croyons profondément que la reconnaissance et l’acceptation des appartenances collectives, notamment celles des Québécois et des peuples autochtones, sont la seule voie pouvant mener à une appartenance commune au Canada.

Permettez-moi de partager avec vous un extrait du plus récent livre de Peter Russell, de l’Université de Toronto : Canada’s Odyssey – A country based on incomplete conquests, où il présente le Canada comme étant constitué de trois piliers : les piliers canadien, québécois et autochtone.

Et je cite :

« As a country or a society, Canada might always be a work in progress. We make the best progress in living well together when we learn more about those we see as “the other” - Canadians not in our own pillar.

(…) I do suggest in closing the book that what we have learned about living well together could be a value to all of humankind. Multinational, multicultural Canada might offer more useful guidance for what lies ahead of the peoples of this planet than the tidy model of the single-nation sovereign state.

Indeed, Canada might be more like a civilization than a nation-state. »

Il conclut en disant :

« Canada could replace empire and Nation State as the most attractive model in the twenty-first century. [Le Canada pourrait remplacer l’empire et l’État-nation comme modèle le plus attractif pour le vingt-et-unième siècle.]»

Peter Russell a publié ce livre presqu’au même moment où nous avons rendu publique notre politique d’affirmation.

Qu’est-ce qu’il nous dit?

Il nous dit que le Canada n’est ni un État mono-national, ni un État post-national. Qu’il est multinational.

Que l’ADN du Canada, c’est sa diversité : sa diversité collective et sa diversité individuelle.

Il nous dit que le modèle de ces diversités et des appartenances plurielles reconnues et acceptées est probablement celui qui a le plus à offrir au monde à venir.

Je ne saurais dire s’il est un écho à notre Politique, ou si notre Politique fait écho à ses propos.

Mais ce que je sais, c’est ceci : À ceux qui se demandent si le dialogue auquel le Québec convie les autres Canadiens est possible, je dirais qu’il est déjà engagé.

Dans un monde inquiet, tenté par l’isolationnisme et le repli identitaire, les Québécois et tous les Canadiens, animés par une vision inclusive de l’humanité, ont l’occasion de se retrouver pour partager et réaliser l’ambition de rapprocher leurs appartenances plurielles plutôt que de les opposer.

Face aux défis mondiaux que posent la croissance du phénomène migratoire, la délocalisation économique et la montée des inégalités, les Québécois et les Canadiens peuvent ensemble offrir au monde le début d’une réponse sur le vivre-ensemble, en faisant le choix des appartenances plurielles et de la diversité collective reconnue et acceptée.

Voilà un défi imposant, en même temps qu’un projet humain emballant.

C’est un projet pour les Québécois; c’est un projet pour tous les Canadiens.

Le Politologue de l’Université de l’Alberta, Frédéric Boily, mentionnait récemment qu’il existait de nombreuses études comparant le Canada et les États-Unis, mais qu’il en existait peu comparant les provinces entre elles.

Il concluait alors que les Canadiens ne se connaissent pas très bien entre eux. Cette lacune, le Québec espère la combler.

Lorsque les Premières Nations et les Inuits partagent avec nous leurs aspirations, est-ce que nous nous arrêtons pour les écouter et les comprendre?

Lorsque les provinces de l’Ouest expriment leur sentiment d’aliénation, est-ce que nous les entendons? Est-ce que nous les comprenons? Est-ce que nous essayons du moins?

Lorsque les Québécois expriment leur sentiment de ne pas être complètement acceptés et reconnus au sein de la fédération, qui tente de les comprendre?

Et je sais que vous avez aussi en tête d’autres réalités canadiennes qui méritent une oreille attentive et une réponse.

Sommes-nous prêts à reconnaître ces réalités et à tenter de les comprendre?

Le dialogue est le premier outil à notre disposition pour ce faire.

Il y a une place au dialogue, pas seulement pour ou sur le Québec.

Nous avons chacun une histoire à raconter. Surtout, nous avons tous une histoire commune à écrire ensemble.

Toutes ces histoires peuvent s’intégrer harmonieusement dans la trame commune canadienne.

C’est ce que notre Politique propose. Écouter; Comprendre; Mettre en place des mécanismes et des espaces de dialogue et de solidarité

Le dialogue, une nécessité dans une fédération et une source de solidarité

Souvent illustrées comme deux solitudes, les relations que nous avons, Québécois et autres Canadiens, sont pourtant nombreuses, diversifiées et bien enracinées.

Elles ont aussi façonné de formidables solidarités qui ont contribué au progrès économique, social et culturel du Québec et du Canada.

Elles se sont tissées au fil du temps et elles racontent une histoire qui contraste avec le récit des conflits politiques et constitutionnels qui ont jalonné les relations gouvernementales entre le Québec et le Canada.

Elles racontent des milliers d’interactions qui se font tous les jours dans le milieu des affaires au fil des échanges commerciaux,

dans les organisations caritatives, à travers les organisations syndicales et les mouvements de solidarité,

dans la lutte contre les changements climatiques,

par tous ces Québécois qui voyagent ou vont vivre ailleurs au Canada ainsi que par tous ces autres Canadiens qui viennent découvrir le Québec ou choisissent de s’y établir.

En 2015, il y avait plus de 13 000 étudiants canadiens de l’extérieur du Québec inscrits dans des universités québécoises, et qui entraient donc en relation avec des étudiants du Québec.

Ce sont ces jeunes, et ceux de tout le Canada, qui vont faire le 21e siècle dont parle Peter Russell.

Peut-être faut-il voir dans ces nouvelles interrelations la source d’une nouvelle solidarité.

En effet, tout récemment, le 10 mai 2017, l’Union étudiante du Québec et l’Alliance canadienne des associations étudiantes ont signé une entente de partenariat visant à unir leurs efforts pour que les étudiants dont ils défendent les intérêts soient mieux représentés auprès du gouvernement fédéral.

Cet exemple de jeunes Québécois qui entretiennent le dialogue et tissent des liens de collaboration avec d’autres jeunes d’ailleurs au Canada, correspond exactement à l’orientation défendue par notre Politique. Elle invite les Québécois à dépasser l’approche uniquement « québéco-québécoise » de nos actions.

Nous ne cesserons pas d’être Québécois en faisant ce rapprochement. C’est comme Québécois que nous le ferons, parce que c’est notre façon d’être Canadiens.

Par ailleurs, on ne parle pas assez des importantes solidarités économiques qui existent entre nous.

Les échanges commerciaux du Québec avec les autres provinces canadiennes atteignent presque le niveau de ceux que nous avons avec les États-Unis, dont la population est pourtant dix fois plus nombreuse!1

Nous échangeons plus de biens chaque année avec le Nouveau-Brunswick qu’avec la France, il y a 750 000 citoyens2 au Nouveau-Brunswick et plus de 60 millions en France!3

Même chose entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador: Les échanges de biens entre nos deux provinces sont plus importants que ceux entre le Québec et l’Italie4, malgré le fait que Terre-Neuve a une population de 530 000 personnes, alors que l’Italie en a une de 62 millions!

Avec l’Ontario, nous échangeons plus de biens chaque année qu’avec l’Union européenne entière; tous les 28 États membres5 de l’Union européenne!

C’est aussi trois fois plus de biens échangés avec l’Ontario qu’avec la Chine!6

Nous avons tous avantage à collaborer davantage.

Et c’est encore plus vrai lorsque l’on regarde le péril au sud de la frontière.

Chaque année, le Québec exporte pour 40 milliards $ de biens et services en Ontario et il importe pour 43 milliards $ en retour. C’est donc un flux commercial de plus de 80 milliards $ qui circule entre nos deux provinces – c’est une somme colossale7.

En fait, les économies combinées du Québec et de l’Ontario représentent la quatrième économie de l’Amérique du Nord après celles de la Californie, du Texas et de New York.8

Chaque jour, des milliers de Québécois et d’Ontariens collaborent, échangent, discutent et travaillent ainsi ensemble. 

Le Québec tire une part importante de sa force de l’Ontario ; l’Ontario tire une part importante de sa force du Québec.

Les relations entre le Québec et l’Ontario connaissent un nouvel essor depuis quelques années  –  les accords de collaboration et les partenariats se multiplient.

Nous pouvons penser aux domaines de la francophonie bien sûr – et j’y reviendrai – mais aussi de l’environnement, de l’hydroélectricité, des changements climatiques, ou encore de l’intelligence artificielle.

Sans tambour ni trompette, sans éclat médiatique, nous travaillons à l’économie de demain. Et en matière d’intelligence artificielle, nous sommes déjà des leaders.

Jamais nos deux provinces n’ont été aussi proches.

Nous ne sommes pas que deux solitudes.

Nous avons aussi de nombreuses solidarités.

Les relations commerciales entre nos provinces sont le résultat d’entrepreneurs discutant ensemble et créant des relations qui dépassent la seule sphère économique.

Nous voulons multiplier de telles coopérations.

Nous souhaitons encourager les groupes sociaux et syndicaux, les chefs d’entreprise, les groupes environnementaux, les artistes ainsi que les chercheurs du Québec à redécouvrir ou à intensifier leurs échanges avec ceux qui, ailleurs au Canada, partagent le même désir d’appuyer les plus vulnérables, de créer des emplois, de répondre aux défis soulevés par les changements climatiques, d’émouvoir et d’innover.

Le Gouvernement du Québec explore également la possibilité d’encourager plus de jeunes, d’universitaires et d’entrepreneurs des autres provinces et territoires à effectuer un stage, des échanges ou d’autres projets au Québec, et de l’offrir réciproquement aux Québécois.

D’ailleurs, nous avons récemment élargi nos programmes de mobilité jeunesse pour permettre aux Québécois d’effectuer des stages dans l’ensemble du Canada. Auparavant, nos programmes ne visaient que l’international.

Bientôt, des opportunités similaires seront aussi offertes aux jeunes Canadiens de venir au Québec.  

Le dialogue et les liens de solidarité que nous développons constituent la voie royale de notre progrès.

Il faut retrouver la confiance nécessaire pour bâtir la fédération canadienne à notre image; à nos images au pluriel : à l’image du Québec, à celle des peuples autochtones, à celle de l’Ontario, celle des provinces de l’Ouest et celles de l’Atlantique.

Notre Politique marque un changement. Elle reconnaît que les modifications constitutionnelles ne seront possibles que lorsque les Québécois et les autres Canadiens se seront davantage rapprochés et compris.

Nous sommes convaincus qu’avec le temps, quand nous aurons appris à mieux nous connaître, nous serons en mesure de mieux nous reconnaître.

Et un jour, lorsque nous nous rencontrerons à nouveau pour discuter de la Constitution, nous ne serons pas assis chacun de notre côté de la table à nous entredéchirer.

Nous serons tous assis ensemble, du même côté de cette table.

Parce que nous nous connaîtrons mieux, nous nous comprendrons mieux et nous nous accepterons pour ce que nous sommes.

Francophonie

Il est important pour moi, comme sur toutes les tribunes où j’ai pris la parole au cours des derniers mois, de vous entretenir de l’importance fondamentale de la francophonie canadienne.

Et d’en parler aussi en anglais parce que l’avantage des langues officielles du Canada profite à tous les Canadiens.

We are nearly 10.5 million Francophones and Francophiles in Canada. [Nous sommes près de 10,5 millions de francophones et de francophiles au Canada.]

In the world, there are currently close to 275 million French speakers; In 2050, there will be 700 million. [Dans le monde, nous sommes près de 275 millions de francophones et en 2050, nous serons 700 millions.]

Canada has an advantage that few countries share. It possesses a window on the English-speaking world and a window on the French-speaking world. [Le Canada détient un avantage comparatif que peu de pays partagent. Il a une fenêtre sur le monde anglophone et une fenêtre sur le monde francophone.]

 It is in the interest of all Canadians, anglophones and francophones alike, to benefit from the economic, social, cultural, environmental and diplomatic advantages resulting from these windows. [Il est de l’intérêt de tous les Canadiens, anglophones et francophones de bénéficier des avantages économiques, sociaux, culturels, environnementaux et diplomatiques découlant de ces fenêtres.]

Let us open wide those windows. [Ouvrons ensemble ces fenêtres!]

Et montrons à tous l’avantage francophone, qui est bien réel.

L’expert en commerce international francophone, M. Bruno Bernard, écrivait récemment9 que le français est la langue étrangère la plus apprise dans le monde après l’anglais. Présentement, 116 millions de personnes suivent un enseignement du français ou en français sur la planète.

Cet expert soulignait que si nous additionnons le PNB des pays de la Francophonie, nous sommes ensemble au 3e rang mondial, juste derrière les États-Unis et la Chine. Et que contrairement à ces deux derniers, le marché francophone est en forte croissance!

Les langues officielles du Canada devraient être vues comme un pont qui nous unit plutôt qu’un fossé qui nous sépare.

Official languages of Canada should be seen as a bridge that unites us, not a gap that divides us. [Les langues officielles du Canada devraient être vues comme un pont qui nous unit plutôt qu’un fossé qui nous sépare.]

D’ailleurs, depuis 1961, le nombre de personnes bilingues au Canada n’a jamais cessé de croître10.

Le taux de bilinguisme est passé de 12% à 18%11.

C’est un progrès, c’est même un nouveau sommet pour le bilinguisme français-anglais dans l’histoire canadienne, mais ce n’est qu’une étape.

Nous devons poursuivre sur cette lancée, notamment en favorisant l’apprentissage du français au pays.

Pourquoi ne pas se donner l’objectif que, d’ici 10 ans, tous les étudiants universitaires du Canada soient bilingues au terme de leur formation?

Le monde va dans cette direction.

Saviez-vous que plus de 50 % des citoyens des États membres de l’Union européenne parlent au moins une autre langue étrangère en plus de leur langue maternelle?12

Le Président Macron, récemment, dans un discours à la Sorbonne, a fixé l’objectif que d’ici 2024, chaque étudiant français parle deux langues européennes.

Soyons nous aussi ambitieux!

Aujourd’hui, fixer cet objectif au Canada peut laisser croire à une vision tout en rose.

Pourtant, à bien y regarder, cela est possible, cela est nécessaire.

Le présent siècle sera multinational et multilingue. Le Canada sera-t-il à la traîne des autres, ou devant les autres?

La réponse à cette question vous appartient. Elle appartient aux Canadiens.

L’apport de l’Ontario à l’espace francophone canadien est remarquable. Nos deux provinces représentent à elles seules plus de 88 % des quelques 10,5 millions de francophones et francophiles au pays.

Québécois et Franco-ontariens contribuent de façon bien réelle à l’affirmation et au dynamisme de la langue française au Canada.

L’Ontario reconnaît l’avantage francophone. Vous vous êtes dotés d’une loi sur les services en français, d’un commissaire aux services en français, d’une télévision de langue française.

Forte de ses 450 écoles de langue française et de nombreuses classes et écoles d’immersion française, votre province reconnaît la place du français au sein de son système d’éducation.

Le 14 décembre dernier, l’Assemblée législative de l’Ontario a adopté le projet de loi 177 qui permettra la création de l’Université de l’Ontario français.

L’Ontario contribue également à l’espace francophone international en tant que membre observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie.

Bien sûr il y a encore beaucoup à faire. Mais la multiplication des drapeaux franco-ontariens dans de nombreuses municipalités témoigne du chemin parcouru et donne l’espoir et le souffle pour continuer la marche.

Conclusion : une invitation à participer au dialogue

Voilà, maintenant vous le savez, la Politique d’affirmation du Québec et de relations canadiennes est bien plus qu’un simple document constitutionnel.

C’est aussi, et surtout, une politique de rapprochement, de solidarité et de vivre-ensemble.

C’est une invitation à mener des projets communs, dont celui de construire ensemble notre avenir.

Le Canada à poursuivre, c’est un Canada où il y a une place pour tous.

Pour les Québécois,
Pour les peuples autochtones,
Pour les nouveaux Canadiens et ceux dont les ancêtres sont nés ici.

Ensemble, nous pouvons construire le Canada de demain.

Du Québec je vous dis : Nous pouvons et nous voulons le faire.

Nous sommes Québécois et c’est notre façon d’être Canadiens.

De l’Ontario, que répondez-vous ?

Merci beaucoup.