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Le 31 mars 2017, Moncton Allocution du ministre Jean-Marc Fournier lors du Forum sur l’immigration francophone

La version prononcée fait foi.

Je suis bien heureux de pouvoir m’adresser à vous au nom de mes collègues membres de la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, dans le cadre de cette rencontre historique; une première en 150 ans.

Le poids démographique des francophones ne cesse de diminuer. Les communautés francophones misent, avec raison, sur l’immigration francophone pour assurer la pérennité de notre langue. Cet élément est fondamental pour l’avenir du français au Canada.

On m'a demandé de présenter une allocution sur les rôles et leadership spécifiques en matière d'immigration francophone.

Ma collègue Kathleen Weil aura l'occasion de témoigner de nos initiatives en matière de sélection, d'accueil et d'intégration.

Peut-être y aura-t-il là des pistes utiles pour les autres provinces et territoires.

Je pourrais parler du rôle majeur que doit jouer le gouvernement fédéral pour recruter plus d'immigrants francophones et s'assurer d'offrir aux provinces et territoires les moyens d'en assurer l'accueil de manière à ce que ceux-ci et leurs enfants puissent s'épanouir en français.

Je pourrais aussi parler de la collaboration entre chaque province et sa communauté francophone, comme les commissaires aux langues officielles l’ont dit hier soir.

Mais si vous me le permettez, je vais consacrer cette allocution au thème du leadership; pas un leadership anonyme, pas un leadership à développer dans dix ou dans vingt ans : un leadership politique, réel et actuel, notre leadership à nous, celui que nous pouvons exercer aujourd'hui.

Nous sommes 10 millions de francophones et francophiles canadiens : 8 millions de Québécois francophones et francophiles et 2,6 millions à l'extérieur du Québec.

Durant de nombreuses années – de trop nombreuses années –, on ne parlait jamais des 10 millions; il y avait 8 millions d'un côté et 2,6 millions d'un autre côté. C'était deux chiffres séparés, deux réalités séparées, comme si nous n'avions rien en commun.

Mais nous avons la langue, nous avons l'histoire et nous avons le pays. Nous avons une appartenance commune.

Certes, nous avons une forte allégeance québécoise.

Bien sûr que le Québec est différent!

Bien sûr que nous avons nos outils particuliers en immigration, compte tenu de notre situation particulière!

Cela ne nous force pas à nous éloigner.

Aujourd'hui, une forte majorité de Québécois – les jeunes, surtout – veulent préserver leur allégeance québécoise et renforcer leur appartenance canadienne.

Ils ne veulent pas opposer leurs appartenances; ils veulent les rapprocher.

Aujourd'hui, justement, on peut allumer l'étincelle d'un pays plus fort.

On peut choisir de se rapprocher.

C’est bon pour la francophonie canadienne, c’est bon pour le Québec, c’est bon pour le Canada.

Nous pouvons choisir de renforcer le pays en multipliant les espaces francophones du Canada.

C’est ce que demandent nos communautés francophones partout au Canada, c’est ce que demande la conférence des ministres de la francophonie et c’est ce qui explique pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui.

Après 150 ans, nous le pouvons. Nous sommes rendus là.

La moitié des enfants du Yukon vont soit à l'école française ou d'immersion française.

Le Nouveau-Brunswick et l'Ontario sont membres de l'Organisation internationale de la Francophonie.

Nous aurons un circuit touristique de la francophonie canadienne, fruit de la volonté de tous les gouvernements qui savent maintenant que le français, c'est un avantage économique; ça rapporte.

Les exemples sont nombreux. Partout dans les provinces et territoires, le français occupe une nouvelle place.

Le Canada a changé.

En juillet dernier, les treize premiers ministres des provinces et territoires ont posé un geste majeur, fondamental.

Ils ont fixé une cible de 5 % d'immigration francophone; une première en 150 ans!

Ils ont fait montre de leadership.

Maintenant, c'est notre tour.

Nous avons le mandat de trouver les moyens de donner suite à l'objectif établi par nos premiers ministres.

Nous n'avons pas le droit de baisser les yeux et de laisser tomber.

Nous avons, aujourd'hui, une occasion historique.

Nous avons une responsabilité historique.

Je vous entends vous demander : « Mais pourquoi le Québec est-il si engagé envers la réussite de ce forum? Pourquoi l'immigration en français à l'extérieur du Québec est-elle si importante au Québec? »

Parce que le Québec aussi change.

Parce que le Canada, c'est aussi chez nous.

Nous sommes Québécois, c'est notre façon d'être canadiens.

Et nous voulons dire aux Québécois que le Canada du prochain siècle a choisi de donner un souffle nouveau au français.

Nous voulons que les espaces francophones se multiplient.

Ces espaces donnent à notre langue la nécessaire résonance qui permet aux Québécois de renforcer leur appartenance canadienne et d'éprouver le sentiment que le Canada, c'est aussi chez nous.

Nous sommes réunis autour d'une table historique pour reconnaître la valeur fondamentale de dix millions de Canadiens francophones et francophiles qui donnent à notre pays un avantage économique, social, culturel et diplomatique qui fait l'envie du monde entier.

Nous allons montrer au monde entier le Canada de la diversité, individuelle et collective, le Canada qui rassemble et crée les conditions essentielles à l'émergence d'une appartenance commune forte.

Ensemble pour le français, c'est offrir au Canada de célébrer et s'enrichir économiquement, socialement, culturellement de notre diversité collective.

Ensemble pour le français, c'est dire merci à tous ces francophones et francophiles qui, d'hier à aujourd'hui, ont gardé le fort pour préserver ces espaces qui donnent au Canada une fenêtre sur le monde francophone qui s'ajoute à notre accès au monde anglophone, ce dont peu de pays peuvent bénéficier.
 
Ensemble pour le français, c'est inviter les Québécois à redécouvrir le Canada.

Nous devons assumer une responsabilité historique à l'occasion de ce forum.

Le leadership, c'est maintenant, c'est ici, c'est nous.

On nous présentera, plus tard aujourd'hui, les pistes qui s'offrent à nous.

Je vais citer le commissaire aux services en français de l’Ontario, qui nous disait hier : « Nous devons prendre un engagement profond avec des actions concrètes et immédiates. »

Et surtout, nous devons nous engager à se rendre à destination.

Aujourd'hui, la marche commence.

Inspirons-nous des propositions que nous ont faites les commissaires aux langues officielles hier.

Inscrivons à notre communiqué :

  • que ce forum s'inscrit dans la foulée de la décision du conseil de fédération d'établir une cible de rattrapage de 5 % et que le gouvernement fédéral annonce dorénavant partager;
  • qu'un plan d'action visant la prospection, l'accueil, l'intégration et la rétention sera déployé sous l'initiative fédérale;
  • que nous souhaitons collaborer à la tenue d'un sommet fédéral-provincial-territorial et communautaire pour établir les bases d'une nécessaire collaboration.

Et convenons d'un mécanisme de suivi avec un échéancier pour un 2e forum.

Je vais rentrer à Montréal ce soir. Ma fille, Angéline, va me demander : « Papa, pourquoi étais-tu à Moncton aujourd'hui? »

J'aimerais lui dire : « J’ai rencontré des dizaines de Canadiens et de Canadiennes de partout au pays, des décideurs, des leaders. Aujourd'hui, ensemble, on a changé le Canada. On aurait pu choisir la facilité et faire comme avant, faire comme tout le temps. On a choisi de se rapprocher. On a choisi de se dire “ensemble”. On a choisi de te donner un pays meilleur, plus fort, plus ouvert, plus respectueux de la diversité. On a choisi de donner au monde un autre choix que le repli identitaire, la crainte de l'autre et le chacun-pour-soi. »

Je veux lui dire : « Angéline, aujourd'hui, à Moncton, on a fait l'Histoire. »