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Edmundston, le 19 août 2016 Allocution du ministre Jean-Marc Fournier à l’occasion de la signature de la Déclaration portant sur la francophonie canadienne entre le Gouvernement du Québec et le Gouvernement du Nouveau-Brunswick  

La version prononcée fait foi.

Madame la Ministre du Développement économique et Ministre responsable de la Francophonie (Francine Landry),

Mesdames et Messieurs présidents, directeurs généraux et représentants d’organismes de la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick,

Mesdames,
Messieurs,

C’est pour moi un véritable plaisir d’être avec vous dans ce magnifique jardin, afin de souligner cette journée d’engagement envers le français.

Ensemble, les Québécois et les Acadiens du Nouveau-Brunswick partagent plus de 400 ans d’histoire francophone; une histoire de solidarité, de collaboration et de respect.

Nous sommes unis par la langue française, notre langue commune, qui nous définit et nous enrichit.

Nous avons aussi développé, depuis presque cinquante ans, une coopération remarquable, constante et exemplaire, et ce, à maints égards. Elle fait du Nouveau-Brunswick un partenaire majeur du Québec en francophonie canadienne.

Je tiens d’ailleurs à souligner l’important leadership du Nouveau-Brunswick et celui de la ministre Landry, au cours des dernières années, à la table des ministres responsables de la francophonie canadienne.

L’Acadie du Nouveau-Brunswick est forte de la persévérance déployée au fil des ans et des générations. Le français est partagé, aujourd’hui, par plus de 40 % de la population du Nouveau-Brunswick.

Vous vous êtes dotés d’un cadre législatif reconnaissant l’égalité du français et de l’anglais, d’un Commissariat aux langues officielles et d’un Plan sur les langues officielles.

Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada et est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie depuis 1977.

Aujourd’hui, nous entamons un nouveau chapitre de notre collaboration, en signant une déclaration portant sur la francophonie canadienne, laquelle reconnaît le rôle clé qu’ont joué les peuples acadien et québécois ainsi que les communautés francophones présentes à travers le pays à l’égard de l’identité et de l’avenir du Canada; un rôle clé que nous jouons depuis les premiers jours de la Nouvelle-France.

Depuis ce temps, et depuis la Conquête, et depuis la naissance de notre fédération, notre espace francophone a connu de nombreux bouleversements.

À l’aube du 150e, comment ne pas constater ces changements?

Aujourd’hui, on compte de nombreux espaces francophones, à travers le Canada, et 2,6 millions de francophones et francophiles, en plus des francophones du Québec. Cette présence du français établie à l’extérieur des frontières du Québec est une réalité qui constitue un atout pour l’ensemble des Québécois. C’est ce qui permet d’ajouter à notre allégeance québécoise une appartenance canadienne.

Nous sommes dix millions de francophones et francophiles au Canada. La langue française est une valeur fondamentale de notre pays. Elle fait partie de notre richesse collective.

Le Canada est membre du Commonwealth et, comme je le disais plus tôt, le Nouveau-Brunswick, le Québec et le Canada sont membres de l’Organisation internationale de la Francophonie. On ajoutera bientôt notre voisin l’Ontario, qui multiplie les gestes favorables aux Franco-Ontariens.

Commonwealth et OIF : ce sont là deux leviers importants qui permettent au Canada de se démarquer au plan économique et diplomatique; deux langues, différentes histoires nationales et des citoyens de toutes origines qui nous ont rejoints pour s’associer à nous.

Le Canada, s’il le veut, peut offrir au monde entier un modèle de paix où cohabitent différentes identités qui se reconnaissent une appartenance commune.

L’allégeance acadienne ne freine pas votre appartenance canadienne.

Le développement d’une appartenance canadienne ne diminue en rien notre allégeance québécoise.

La reconnaissance de nos identités nationales diverses et du français favorise le développement de notre appartenance commune.

Il y a eu bien des hauts et bien des bas au cours des derniers 150 ans, mais comment ne pas constater le nouvel élan du français?

La multiplication des classes d’immersion, la généralisation de l’offre active de services en français, la volonté partagée d’accueillir une immigration francophone au-delà même du nombre de francophones de langue maternelle.

Aujourd’hui, peu importe l’origine, la langue de travail ou la langue parlée à la maison, de plus en plus de Canadiens, même parmi ceux qui ne parlent pas français du tout, considèrent le français comme un avantage distinctif du Canada.

Notre expérience canadienne offre au monde entier un exemple de fédération où chacun ajoute à la prospérité du Canada, un pays où il fait bon vivre; un pays pacifique, juste et civilisé, un pays où la vaste majorité choisit le rapprochement plutôt que d'être méfiante, de s’éloigner et de s'ignorer.

Les Acadiens et les francophones du Canada ont toujours été là. 

Votre présence en français offre aux Québécois la résonance francophone nécessaire à l’émergence de notre appartenance canadienne, car au-delà des empreintes historiques, votre persistance et votre rayonnement contemporain nous permettent de nous sentir chez nous, chez vous.

Les Québécois ne le disent pas assez aux francophones partout au Canada : merci d’avoir gardé notre langue, d’avoir préservé l’espace canadien francophone.

Le français s’affirme. Le français est de plus en plus légitime. Si de nombreux défis demeurent, pour les communautés francophones et acadiennes, de plus en plus de gestes démontrent qu’ensemble, nous pouvons travailler pour un français qui avance et qui progresse.

Depuis 2014, trois déclarations historiques sur la francophonie canadienne soulignant l’engagement des gouvernements envers la pérennité du français ont été signées, soit avec l’Ontario, le Manitoba et le Yukon.

Dans ce même esprit de collaboration, neuf gouvernements provinciaux et territoriaux, dont celui du Nouveau-Brunswick, ont appuyé une demande transmise à la ministre du Patrimoine canadien afin que le gouvernement fédéral saisisse l’occasion des célébrations du 150e de la fédération, en 2017, pour développer un circuit touristique et patrimonial de la francophonie canadienne, à titre de legs permanent à la francophonie canadienne.

Ce serait un geste important qui nous permettra de mieux se connaître pour mieux se reconnaître.

Le mois dernier, les premiers ministres des treize provinces et territoires du Canada, réunis dans le cadre de la rencontre du Conseil de la fédération à Whitehorse, au Yukon, ont affirmé leur volonté unanime d'atteindre une cible de 5 % d'immigration francophone à l’extérieur des frontières du Québec. C’est une première… une première en 150 ans!

Au printemps 2017, le gouvernement fédéral ainsi que les ministres de l'immigration et ceux de la francophonie du Canada se réuniront afin de déterminer les moyens d’action à prendre pour atteindre cette cible. Une rencontre préparatoire est également prévue en octobre 2016, et cela aussi, est une première : il n’y a jamais eu, en 150 ans, une réunion conjointe des ministres de l’immigration et des ministres de la francophonie de tous les gouvernements du Canada.

Je me dois, ici, de souligner le travail exceptionnel accompli par ma collègue, madame Landry, dans ce dossier. C’est Francine qui est responsable de ce dossier à la conférence des ministres de la francophonie, et devant vous, aujourd’hui, je tiens à la remercier de ses efforts.

Le Canada et le Québec ont changé. Aujourd’hui, par la signature de cette déclaration, nous nous inscrivons dans ce vent qui se lève pour la francophonie en s’engageant à travailler conjointement et de concert avec les autres gouvernements au Canada à la promotion, à la protection, à la pérennité et à la vitalité du français.

Nous favoriserons ainsi le développement d’alliances stratégiques, la multiplication des échanges et l’accroissement des liens et des collaborations entre les gouvernements :

  • afin de veiller à la présence d’un radiodiffuseur national reflétant la réalité des régions;
  • afin de s’assurer du maintien du poids démographique des francophones partout au pays, notamment au moyen de l’immigration francophone;
  • afin d’encourager l’offre active de services en français en éducation et en santé et les échanges entre les jeunes francophones et francophiles.

C’est dans cet esprit de collaboration et de solidarité que le Québec et le Nouveau-Brunswick ont amorcé des discussions afin de renouveler et d’enrichir prochainement l’accord de coopération signé en 2005 pour pousser encore plus loin leur coopération et contribuer davantage et de façon bien réelle à consolider la place des Acadiens et des francophones.

En cette journée d’alliance pour l’avenir de notre francophonie, je veux remercier tous les Acadiens et tous les citoyens du Nouveau-Brunswick pour ce geste d’inclusion envers la francophonie canadienne.

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Mais il y a une tendance claire. Notre langue est mieux accueillie et reconnue, et cela doit nous insuffler la confiance et l’enthousiasme de poursuivre la route.

Ensemble, nous sommes riches et forts. Au-delà de nos différences et au-delà des distances, nous vibrons d’une même appartenance à la francophonie canadienne.

Ensemble pour le français, c'est ensemble pour un avenir fort de ses différents atouts.

À l’aube du 150e anniversaire de la fédération, nous pouvons déclarer « Ensemble pour le français, c’est aussi notre façon d’être ensemble pour le Canada. »

Merci!